Vivre le deuil au plus proche de la Nature

 

Bonjour toutes et tous !
Voila un moment que je délaisse un peu mon blog au profit de nombreuses autres manières de partager mais aujourd’hui j’ai à cœur de venir déposer ce petit billet du cœur.
Cet été j’ai vécu une expérience absolument « éproustouflante », c’est un mélange éprouvant et époustouflant ! Cette expérience de Vie, c’est la Mort de mon Père. En effet, au début du mois d’août, alors que l’automne semblait étrangement avoir pris possession de l’été, qu’il pleuvait et faisait bien frais un peu partout en France, j’ai été appelée à rejoindre mon Père pour l’accompagner dans ces derniers instants de Vie.
J’ai envie de vous livrer ici un petit peu de ce que j’ai pu vivre car ce blog a été créé pour faire voyager les idées, les inspirations, les aspirations… et n’est-ce pas inspirant que d’accompagner un être aimé dans le dernier passage qui nous verra tous nous éteindre : la Mort ?
Je disais donc que j’ai été appelée, il y a de cela presque un mois, à rejoindre ma fratrie et l’épouse de mon Père, pour l’accompagner, le soutenir et l’aider à nous quitter, l’aider à lâcher prise sur cette Vie tant chérie, sur cette existence si riche et généreuse et si difficile à abandonner.
Mon Père a voulu partir libre tout comme il a voulu vivre libre et tout comme il nous a inspirer à le faire. Mourir libre dans son lit, dans sa chambre, dans sa maison au milieu de sa famille c’était ça qu’il voulait et c’est ça qu’on lui a offert, comme un dernier cadeau un peu en avance puisque dans quelques semaines il aurait fêter ses 60 ans.
Ce que nous avons vécu ces jours-là est très difficile à partager avec des mots mais j’aimerai tenter de vous transcrire ici l’essence, l’essentiel ! Pour pouvoir offrir ce dernier présent à notre Père et Amour, il nous a fallu faire preuve d’au moins autant de courage qu’il lui en a fallu pour se battre douze années durant contre ce fichu cancer qui le rongeait lentement mais surement, lui révélant tout ce que seul lui-même pouvait découvrir, de lui, du monde, des autres, de la magie qui nous entoure et nous anime. Ces révélations ce sont toutes ces choses que nous apprenons, découvrons, mettons en place ou refusons de voir tout au long de nos Vies et qui, d’une personne à l’autre, prend des formes plus ou moins créatives, plus ou moins concrètes ou abstraites, plus ou moins fluides ou complexes. Je suis presque sure que vous voyez de quoi je parle ! Vous savez, quand vous feuilletez vos albums photos et que vous vous revoyez plus jeunes ou même enfants… et que vous mesurez le chemin parcouru. Ou encore, lorsque vous retrouvez de vieilles lettres ou que vous visitez un ami d’enfance et qu’ils vous révèlent celui ou celle que vous étiez à ce moment-là, et que vous vous rendez compte qu’aujourd’hui, vous avez adopté tant de nouveaux savoirs, vous incarnez tant de nouvelles valeurs, vous avez avancé un peu plus loin vers qui vous désirez être !
Et bien voilà ce que mon Père, à mon avis, n’avais pas envie de quitter, cette possibilité de continuer à avancer, de continuer à soutenir les autres dans leur chemin et leur guérison, cette possibilité de vieillir en profitant un peu plus de cette sagesse croissant à l’intérieur. Mais ce qui a cru plus vite que tout ça c’est le cancer et c’est ainsi. C’est ainsi pour de plus en plus d’hommes et de femmes de par le monde et c’est ainsi depuis la nuit des temps, êtres vivants incarnés dans la matière nous sommes vulnérables non pas uniquement au temps qui passe, mais à tout ce qui vit : les maladies y compris.
Alors voilà ce qui m’a été proposé de vivre cet été et avec quoi je vais continuer de me construire : accompagner Papa dans la libération de ses souffrances vers un au-delà invisible à mes yeux… l’accompagner dans la transe, dans la danse, dans les pleurs et les rires, dans la douleur et dans la peine, dans les chants et les râles… jusqu’à la dernière minute, jusqu’aux derniers souffles si infimes et saccadés étaient-ils… laissant place, doucement et douloureusement à un nouveau cycle, continuité de ce qui était mais avec quelque chose en moins… et quelque chose en plus.
Respirer la Mort d’aussi près, la sentir, la ressentir, l’observer prendre possession du corps de mon Père heure après heure fut pour moi à la fois terriblement douloureux et absolument fascinant car la fin est inéluctable, quelle que soit notre heure… au même titre que vivre la naissance d’un autre sortant de mes entrailles ; vivre la mort de manière aussi intime m’aura changé à jamais, en tant que Mère pour l’un, en tant que Fille pour l’autre, en tant que Femme de toutes façons.
Si je fais ce parallèle avec la naissance, c’est tout simplement parce que c’est ce qui m’est venu lorsque je roulais seule dans ma voiture, la nuit, pour rentrer dans mon foyer retrouver mes rayons de soleil, mes fils et mon homme. J’ai pensé à toutes ces femmes qui choisissent de mettre au monde leurs petits dans leur propre maison, essayant ainsi d’éviter de naître et faire naître dans un contexte trop médicalisé. J’ai pensé aussi à mon Père qui a choisi de mourir dans ce contexte là, aussi lucide que possible, entouré des siens et des odeurs rassurantes du foyer, inspirant les huiles essentielles, écoutant nos chants, la musique, les bruits de son jardin, sentant la fraicheur venant de la fenêtre ouverte, ressentant et écoutant tout malgré la paralysie imposée par la Mort qui venait.
Après des années à ne pas avoir su me positionner vis à vis de la Mort et des rituels humains qui l’entourent, à ne rien y comprendre ou en tous cas à ne rien y entendre… sans vraiment de tabous mais sans vraiment vouloir y penser non plus, j’ai eu a vivre cette expérience au plus près et j’en ressors nouvellement grandie. J’ai perdu mon père et avec lui un bout de moi-même. J’ai perdu l’espoir de vivre d’autres moments précieux avec lui, mais j’ai aussi gagné une nouvelle conscience des choses encore plus fine que je ne le pressentais depuis ces dernières années. Une compréhension subtile et authentique de ce qu’est véritablement le cycle Vie-Mort-Vie que nous donne à voir la Nature autour de nous, du cycle des grands astres loin dans l’Univers à celui des plus petites herbes sur lesquelles nous marchons chaque jour. C’est cette Nature partout présente, celle dont nous faisons partie, celle qui vit à l’intérieur de nous autant que dans la rivière qui court, dans le Soleil qui chauffe, dans les chouettes qui chantent le soir ou dans les pâquerettes qui s’ouvrent le matin… c’est cette Nature Vivante qui m’a montré et me montre la voie, qui me soutien quand je pleure, qui me porte quand je me sens seule, qui m’accompagne quand je suis perdue, qui me soulage quand je souffre. Vivre le deuil dans cette conscience accrue d’appartenir à ce grand Tout m’aide infiniment en je ressens une immense gratitude envers tout cela, envers tout ce qui vit, envers toutes celles et tous ceux qui m’ont envoyé leurs pensées et qui m’ont écouté, envers toutes les personnes qui sont venus l’honorer lors de cette cérémonie colorée qu’il souhaitait, envers mes chéris qui égayent mes journées de leur joie de vivre d’enfants, envers mon amoureux qui sait comment me porter rien qu’en me regardant, envers le monde qui continue de tourner et m’offre cette confiance et cette sécurité puisque… le cycle continu !
Peut être avez-vous déjà vécu la perte d’un être cher, peut être pas encore, dans tous les cas nous avons tous et toutes notre propre manière de le vivre et de vivre ce qui vient après, de vivre une phase de deuil, puis de vivre tout simplement. En vous écrivant aujourd’hui je n’ai nullement envie de vous montrer quoique ce soit à penser ou à faire, juste de vous partager une expérience et de témoigner de la puissance et de la magie de vivre cet évènement à la fois dans la conscience des faits mais aussi de nos ressentis et de nos émotions, avant, pendant et après.
J’aimerai finir ce billet avec une citation du livre que je viens de finir de traduire et d’illustrer et dont je vous parlerai de sa sortie très bientôt, ce livre parle des détails à observer dans la Nature au fil de l’année et il fut écrit en anglais par Florence Haines ; elle termine avec le mois de Décembre, en disant ceci : « Il n’y a pas de Mort ! Ce qui lui ressemble n’est qu’une transition. » Le changement, et non l’anéantissement, est le message de l’année qui se renouvelle, et toujours :
« Dans le cœur de l’homme se trouve l’espoir qui palpite
Pour saluer un printemps lointain et parfait ;
Dans le cœur de Dieu se trouve la vie qui remplit
Le cœur, plein d’espoir de toute chose. »

Charlotte Roman, Charlotte Rêve

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