La vannerie sauvage pour de jolis paniers rustiques épisode 1

 


Me revoici cet hiver avec une nouvelle série d'articles 'pas à pas" sur une activité qui occupe bien mon esprit et mes mains ces derniers temps : la vannerie sauvage !

La vannerie c'est l'art de fabriquer des objets à la main en tressant des fibres végétales. C'est au XIIIe siècle que ce mot "vannerie" apparaît, venant de "Van" : une sorte de grande corbeille plate qui servait, jadis à nettoyer les grains en les secouant pour les séparer de la paille et l'ivraie (mauvaise graine). Dans ma propre histoire, la vannerie est apparue dans mon cœur toute jeune car mes deux grands-mères aimaient beaucoup les paniers et je me rappelle de l'amour que j'avais moi-même pour ces objets lorsque je passais mes vacances chez elles. En grandissant j'ai souvent cherché à apprendre ce savoir-faire mais dans les nombreuses régions où j'ai habité, les propositions d'ateliers étaient soit inexistantes soit inaccessibles pour moi (géographiquement ou financièrement). 

Ma patience a été récompensée car en arrivant dans cette vallée aux portes des Cévennes, on m'a tout de suite parlé du foyer rural qui proposait de transmettre ce savoir-faire librement. Une aubaine sur laquelle j'ai sauté et qui m'a permis de rencontrer pleins de personnes passionnées auprès de qui je continue d'apprendre. Autodidacte, j'ai l'habitude d'apprendre seule et ce fut donc assez nouveau pour moi de me laisser guider par les indications des autres vanniers. J'ai tenu bon toute une saison afin de réaliser mon premier panier dans les règles de l'art, mais cette année j'ai vite ressenti le besoin d'être autonome et de continuer mes apprentissages par moi-même ! Même si je continue à me rendre aux ateliers pour partager et découvrir, je fais mes propres erreurs de mon côté, parce que c'est comme ça que je m'approprie une technique (je vous en parlerai donc ici de temps en temps car il me semble que cela peut être utile) !

Certains auront peut-être été interpelés en lisant le titre de "vannerie sauvage"... et je vous avoue que je n'aurai pas pu tomber mieux que dans ce groupe de vanniers parce que cela semble être une continuité de mes pratiques de cueilleuse, de randonneuse et mes habitudes de consommation en général ! La vannerie que je pratique et que je vais vous présenter est appelée "sauvage" parce que nous allons chercher nos matériaux directement dans la forêt, nous utilisons les plantes qui poussent près de chez nous ! En plus, cette activité correspond parfaitement à ma manière de vivre au rythme des saisons puisque nous récoltons et travaillons quand la sève est descendue, environ de novembre à février/mars.

L'armature est constituée de noisetier très abondant en Lozère, ainsi que de châtaignier que nous allons récolter un peu plus bas dans les Cévennes. Pour que ce soit plus commode, nous en récoltons une certaine quantité en automne et nous les conservons à l’abri (mais pas dans la maison car il y fait trop chaud) les pieds dans 5 cm d'eau, jusqu'au début du printemps.

 

De manière générale, il faut trouver des branches bien droites d'environ 3 ou 4 cm de diamètre avec le moins de nœuds possible. En réalité ce ne sont pas vraiment des branches mais plutôt des rejetons puisque ce sont les petits pieds qui poussent droits au pieds des plus grands arbres, cherchant haut la lumière. 

 

 Le tressage se fait avec deux types de plantes, qui nous permettent de jouer avec les textures et les couleurs : la viorne lantane qui pousse naturellement dans la forêt, et le saule doré dont on coupe annuellement les jeunes pousses que l'on appelle des amarines. Ce saule produit des tiges souples et cuivrées variant du jaune au rouge en passant par le vert et c'est très chouette à utiliser. Il y a plusieurs variétés mais le point commun est qu'elles ont besoin d'eau et se repique facilement en plongeant une tige dans l'eau tout l'hiver pour lui faire faire des racines. Il suffit ensuite de planter ce jeune pied au bord d'une rivière avec un petit tuteur !

 

Personnellement j'apprécie beaucoup la viorne car elle pousse dans la foret derrière chez moi et que je la cueille au besoin, en me baladant avec mon chien, et qu'elle a la particularité de s'utiliser avec ou sans son écorce. C'est comme ceci que nous pouvons faire des panier variés en coloris de blancs et de bruns.

La viorne est assez difficile à détecter au début au milieu des autres arbrisseaux nus de l'hiver mais à force de la chercher vous y arriverez, puisque j'ai pu le faire et que mes enfants l'identifient aussi très bien !

 


 Je vous montre ses caractéristiques :

Écorce plutôt lisse et brun clair ...

 

grosses feuilles rondes et duveteuse (encore présentes fin d'automne) ...


 

bourgeons caractéristiques (toujours présents même en hiver) ...

 


Vous pouvez aussi chercher à l'identifier au printemps et en été grâce à ses belles fleurs qui formes des boules blanches.

 


La nature nous fournit donc les matériaux nécessaires à notre vannerie sauvage, mais il faut aussi s'équiper d'un peu de matériel. Les outils principaux sont nos mains bien sûr, et le reste est assez simple et si vous bricolez un petit peu vous possédez certainement déjà l'essentiel.

 

Un couteau style Opinel adapté à votre main, le mien est un numéro 10 mais il en faut aussi un plus gros (au moins numéro 12 ou 13) pour fendre le noisetier et le châtaigner. Qui dit couteau dit protections, et j'insiste sur ce point car je me guéris tout juste d'une méchante coupure... il faut protéger vos cuisses et vos doigts car, comme vous le verrez plus tard, le geste est répétitif et précis mais peut aussi partir et être douloureux.

 

Le mieux est de trouver des morceaux de cuir comme les miens, mais vous pouvez aussi coudre un vieux jean en créant un rectangle d'environ 20 cm sur 30cm avec 4 épaisseurs de jean. L'important est que le couteau de l'entame pas facilement lorsque la lame appuie ou passe dessus.

Un petit marteau et des petits clous, une pointe ou un tournevis fin, un sécateur, des pinces d'électricien et un peu de fil de fer, un peu de colle à bois et un refendeur. 


 Le refendeur ne s'achète pas, à ma connaissance, nous le confectionnons nous même avec une petite scie et une lime à bois. C'est là première chose à faire avant de faire un panier ! Il faut un bois frais et très dur : en général du buis. Comme pour le couteau il doit être adapté à votre main, le mien est assez petit, je l'ai fait assez grossièrement mais il fonctionne très bien. 

 


Comme vous le voyez il faut créer une crois vue du dessus en découpant 4 triangles évasés sur les côtés. Personnellement je m'y suis prise à deux fois avant de le réussir mais pensez que le but est que la croix soit bien fine pour fendre des petites branches que ceci : 

 

Dernière chose il vous faut un mètre mesureur, une scie ou mieux, une scie sauteuse ainsi que des planches de récup' pour créer vos gabarits et ainsi... inventer toutes sortes de formes de paniers !

 

Cela fait déjà pas mal d'informations pour commencer je trouve, alors je vous laisse pour aujourd'hui et je reviens vite pour vous raconter comment "commencer" en taillant l'armature, le squelette du panier ! 

A bientôt !

Charlotte Roman, Charlotte Rêve

PS: si vous voulez plus de photos ou des vidéos vous pouvez vous rendre sur mon compte Instagram dans la petite bulle des stories "vannerie" !



Commentaires

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés