Imbolc, le festival des chandelles

 

Si vous imaginiez que l’année était une journée, Imbolc serait le moment juste avant l’aurore, quand il fait encore noir mais que le froid devient plus mordant. Si vous avez déjà dormi en plein air ou que vous avez travaillé en extérieur ,en horaires de nuit… préparant tout avant que le monde se lève, vous l’aurez surement ressenti. Plus profondément, à l’échelle des saisons, cette période au cœur de l’hiver, est une période sombre et parfois inconfortable, voir angoissante durant laquelle nous ne percevons pas forcément les changements qui s’opèrent autour de nous, mais qui nous mènent pourtant au renouveau printanier.

« Quand dans les profondeurs de la saison d’hiver
L’être vrai de l’esprit augmente sa chaleur,
A l’apparence universelle,
Grâce aux forces du cœur, il permet d’exister,
Renforçant, en dépit du froid de l’univers,
Le feu de l’âme en l’être humain. »
 

Rudolf Steiner, Calendrier de l’âme, 

Semaine du 26 janvier au 1er février



Dans cet article, j’aimerais vous parler de nos petits festivals familiaux que j’organise chez nous tout au long de l’année. Inspirée par les fêtes celtiques, les fêtes chrétiennes, notre culture française, et la pédagogie Steiner-Waldorf, nous suivons le rythme cyclique de la Terre et des saisons en l’animant de joyeuses fêtes. J’aime organiser ces moments privilégiés chez nous, année après année, car ils nous permettent de profiter ensemble de bons moments autour d’une recette de cuisine, d’un conte, d’un atelier artistique, d’une production artisanale, d’une promenade dans la nature, d’un petit rituel et de prises de conscience.

 

 

Élevée par un trio d’adultes très ouverts spirituellement et philosophiquement, j’ai eu la chance de bénéficier d’idées et de pratiques multicolores .
Par l’étude des mythes et de l’Histoire des différentes religions, mais aussi par les contes et les légendes liées aux croyances populaires, je tente, à mon tour, de transmettre à mes fils une vision large et multicolore de ce qui animent les cœurs et les âmes de notre humanité.
L’année est donc scandée par les fêtes liées aux différentes croyances qui constituent notre culture riche de toutes ces différences … et similitudes !

 



Je vous avais déjà expliqué, dans mon article sur nos rythmes familiaux, nous nous référons ici à la roue de l’année et à l’aspect cyclique du temps. 

Cette roue fait référence au calendrier de Coligny qui est un calendrier gaulois du deuxième siècle après Jésus-Christ et qui constitue une source historique qui nous documente sur les anciennes traditions religieuses et nous renseigne sur la conception que les Celtes avaient du temps, leurs connaissances astronomiques et druidiques.
Ce calendrier en bronze est exposé au Lugdunum, le musée des antiquités gallo-romaines de Lyon et a été découvert à Coligny, dans l’Ain, en France, nous pouvons donc nous y intéresser comme étant une trace du passé de certains de nos ancêtres.

 



Comme vous pouvez l'observer notre roue est divisée en huit rayons : quatre rayons représentent les fêtes du feu , au milieu de quatre rayons qui représentent le début de nos saisons, liés aux solstices d’été et d’hiver et aux équinoxes d’automne et de printemps. Aujourd'hui nous avons un décalage par rapport au Celtes parce que nos solstices et nos équinoxes représentent le début de nos saisons alors que pour eux c’en était le cœur. Par exemple, Imbolc était pour les Celtes la fin de l'hiver et le solstice se trouvait au cœur de celui-ci, alors que pour nous c'est l’inverse : le solstice du 21 décembre est bien le début de notre hiver et Imbolc se trouve donc à mi-chemin entre ce solstice et l’équinoxe du printemps.

Les Celtes, tout comme les peuples nordiques, nous ont laissé très peu d’écrits, et c'est un des problèmes historiques dans la transmission de ces traditions car les seuls écrits qu’ils nous ont laissé datent souvent d’après la christianisation, ce sont essentiellement les sagas irlandaises.

Imbolc (prononcer « Im’olc »)

Peut-être n'avez-vous jamais entendu parler de cette fête sous ce nom, mais je suis certaine que vous la connaissez sous son appellation actuelle de la Chandeleur. 

En effet les rites dits païens, à partir du Ve siècle, étant interdit par l’Eglise, ces fêtes ont subit les réécritures chrétiennes, mais de nombreuses pratiques ont perduré et sont parvenues jusqu'à nous. C'est dans cet esprit de perpétuer les traditions ancestrales mais aussi celles qui façonnent notre culture, que j'aime organiser ces petits festivals familiaux chez nous. Ils deviennent de plus en plus une nécessité dans le contexte sanitaire de la crise actuelle où nous ne pouvons plus nous réunir et sortir comme nous le faisions avant.

Attardons-nous sur la symbolique de cette fête d’Imbolc, qui est liée à la période de l'année. Tout début février voici le moment d'observer les premiers signes du printemps, car la terre commence à dégeler et c’est l'apparition des premières fleurs à bulbe comme les perce-neiges ou les crocus. Pour la Nature environnante, Imbolc, c’est donc le renouveau et l'espoir après la survie de l’hiver. C’est parce que nos ancêtres vivaient dans des habitats bien plus légers et bien plus proche de la nature que nous, qu’ils ont instauré toutes ces fêtes liées au cycle de la Terre. Aujourd’hui, nous pouvons y accorder une symbolique qui peut raisonner en nous, tout en transmettant aux enfants l’Histoire de notre culture et tenter de retrouver quelques gestes du passé. C’est ce que nous apprécions faire ici, et peut être cela vous donnera-t-il envie de réaliser quelques-une de ses activités, simples et agréables, pour entourer d’Amour, de créativité et de chaleur votre famille.

Voici donc ce que nous avons fait cette année pour cette « Crêp’Chandel’Imbolc party »:

Des crêpes ? 


 

Et oui, ces délicieuses galettes rondes et dorées comme le soleil sont bien indissociables de cette fête du feu. Elles représentent la lumière rassurante du soleil qui revient petit à petit allonger nos journées depuis le solstice dernier. 

Ce soleil et cette lumière nous est nécessaire pour nous sentir en forme et dynamiques, mais pour les Celtes des temps anciens, le retour de la chaleur du soleil représentait la fin d’un hiver qui pouvait s’avérer mortel. En effet, les greniers et les selliers se vidaient au fur et à mesure de la période hivernale et de leur consommation, cette période représentait la fin des stocks de nourriture sèche et salée. 

Ici, nous pouvons l’observer dans les bergeries et les chèvreries alentours, les mères commencent à mettre bas leurs petits et vont donc reprendre leur lactation. Le lait est donc un élément très important de cette fête d’Imbolc, c’est d’ailleurs l’ingrédient prédominant de la recette des crêpes, mais pour les nourrissons nés en hiver dans l’antiquité, le retour du lait était souvent une question de survie.

Nous avons donc mis le lait à l’honneur dans trois recettes simples et gourmandes (ici pas de problèmes d’intolérance au lait de vache mais vous pouvez les adapter avec des laits végétaux bien sure!):

 



Des yaourts natures dans lesquels chacun rajoute une cuillère de sa confiture préférée : pour 6 yaourts, nous mélangeons un yaourt nature et 750 mL de lait entier bouilli puis refroidis à 40°C (pour la fermeté du produit fini). Une fois dans les pots, vous pouvez les laisser 11 heures dans une yaourtière, ou bien sur un radiateur dans un « fait-tout » bien fermé, ou bien au bain-marie au four (20 minutes à 50°C puis 6h dans le four tiède éteint). Ensuite, nous les fermons et les laissons 4 heures au réfrigérateur avant de les déguster.

Nous avons aussi préparé un lait épicé avec de la cannelle, de l’anis étoilée et de la cardamome que nous avons laissé infuser dans le lait chaud. C’est très parfumé et ne nécessite pas de sucre mais vous pouvez ajouter une cuillère de votre miel préféré ! 

 



 
Les garçons n’ont plus besoin de moi pour réaliser de belles crêpes dorées… j’en ai donc profité pour leur écrire un petit exercice de maths sur les proportionnalités entre deux sauts de crêpes !


La farine est aussi un élément important à Imbolc et nous retrouvons sa symbolique de fertilité et de prospérité dans les rituels antiques romains : lors des Lupercales par exemple, qui avaient lieu à cette période : les vestales préparaient des gâteaux avec la farine de la dernière récolte, dans l’intention que la prochaine soit bonne, appelant à la fertilité de la Terre … aujourd’hui nous avons appelé à notre prospérité en posant une pièce dans la paume de notre main tout en faisant sauter bruyamment nos crêpes !

 

Imbolc est chargé des énergies du changement puisque nous sommes aux prémices du printemps, de la renaissance de la flore et du réveil de la faune endormie. C’est une occasion de réaliser un petit rituel de prise de conscience pour prendre des initiatives et installer de bonnes habitudes. 

Nous avons donc tenté de redonner vie à notre petit jardin aromatique d’intérieur qui a pâti, lui aussi, du manque de lumière des derniers mois, en y semant quelques graines, ainsi que quelques intentions. Très simplement, un par un , j’ai demandé à chaque enfant ce qu’il aimerait vraiment dans sa vie (pas matériellement) puis ce qu’il pense avoir besoin ou devoir changer pour l’obtenir… en allant s’occuper de leurs plantes, ils pourront ensuite se rappeler de cette intention et cette initiative personnelle pour se bonifier… et l’installer dans leur cœur comme une habitude. 


 
C’est vraiment une période durant laquelle nous voyons poindre le renouveau, des bourgeons d’idées émergent peut être dans vos esprits, ils ne sont pas fait pour rester cachés, c’est le moment de les faire fleurir !
 

Imbolc, la Chandeleur, comme son nom l’indique, est la fête des chandelles, et du feu. Le feu transforme la matière et nous pouvons y voir une énergie propice à forger notre avenir, en mettant tout de notre côté pour réussir.
Les chandelles, et la lumière sont un autre élément très présent dans cette fête notamment dans sa réécriture chrétienne de la présentation du Christ au Temple, Jésus étant la lumière d’Israël. Les cierges allumés rappellent donc que le Christ est la lumière du monde… Ici nous avons acheté quelques bougies et ressorti nos photophores peints dans des petits pots.

 



Il y a une figure qui est souvent associée à Imbolc, c’est la déesse Birgit. Elle représente les symboles de cette fête : le changement, le feu, la transformation (souvent représentée en forgeronne ), la créativité et la purification. 

Dans la mythologie chrétienne, nous la retrouvons en Sainte Brigitte, car elle était tellement présente dans le cœur et les rituels du peuple qu’elle fut intégrée aux écritures chrétiennes, la Sainte Brigitte étant le 1er février.

Nous avons donc raconté la naissance de la déesse Birgit en relisant le conte de Monique Tedeschi sur son blog chantdesfées.

 


 
Le redoux des derniers jours ayant fait fondre les litres et les litres de neige qui entouraient le village, faisant sortir la rivière de son lit et découvrant les joncs des grandes zones humides autour de chez nous, j’ai profité d’une balade sous la pluie pour ramener une belle brassée de joncs à la maison.


Avec ces brins ronds, solides et souples, nous  avons pu réaliser des croix de Birgit. Ce sont des genres d’amulettes magiques que nous suspendons au dessus des portes et sur notre table des saisons. 

 

Elles sont traditionnellement attribuées à la déesse Birgit seulement depuis le   XVIII e siècle, et la croyance populaire permet, à travers elles, de demander à la déesse, une protection contre le malheur qui voudrait rentrer dans la maison. Cela nous a paru opportun de les réaliser pour éloigner la pandémie actuelle d’arriver jusqu’à notre foyer… et cela a également permis à mon ainé, qui intellectualise plus, de nous parler et nous interroger sur la superstition ! Sujet très intéressant n’est-ce pas ? En attendant, je l'ai pris en photo pour vous montrer un peu la manière de faire, c'est très simple, il faut juste plier chaque brin en deux et les faire se croiser ainsi, puis nouer les quatre extrémités.










Pour achever cette petite fête intime et familiale, nous avons échauffer nos corps pour nettoyer et purifier notre intérieur. 

Prémices du printemps… début de nettoyage de printemps… ranger notre maison pour ranger nos têtes… les garçons venant ne fabriquer des meubles avec leur père pour ranger notre salon, je leur ai proposé de faire un bon coup de ménage en ajoutant, à notre habituel vinaigre blanc, des huiles essentielles! Il y a tout un choix d’huiles essentielles purifiantes comme le tea tree, le ravisera, l’eucalyptus… mais nous avons choisi la cannelle, pour ses propriétés antibactériennes et antifongiques, mais aussi pour la délicieuse odeur qu’elle a laissé dans la maison… nous rappelant nos délicieux sablés d’hiver ! 


 



Cela a été drôlement efficace car les garçons ont été tellement dynamisés qu’ils se sont lancé dans une longue séances d’entrainements sportifs dans ce grand salon rangé, propre et purifié ! ( je ne me priverai donc pas pour réitérer l’expérience!!! )

Sur ces belles énergies, je vous laisse à vos fouets et vos poêles à crêpes !

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