Célébrer la fête des Morts en famille

 Samhain, Halloween, Toussaint... depuis quelques jours ces mots sont sur toutes les bouches (si ce ne sont pas les sucreries ! ) Pourquoi des noms et des pratiques si différentes pour ce qui semble être la même fête ?

 

 

 Ici, nous fêtons un peu tout cela, car nous fêtons ce que nos cœurs ont envie de sentir, de voir et de célébrer... aujourd'hui, si il y a bien quelque chose que nous voulons célébrer c'est bien la Vie, mais la Nature autour de nous, et nos disparus, nous rappellent aussi que la Mort fait bien partie de la Vie. Cela renforce encore mieux ce sentiment de trésor à chérir chaque matin, en se levant, non ?

Il y a comme une sorte de petite querelle autour de cette fête, entre ce qui serait chrétien, ce qui serait païen et... ce qui ne serait que commercial... Ce festival familial est donc aussi chez nous l'occasion d'apprendre et de discuter de ce qui se fait chez les autres, parfois depuis des siècles ! Ce matin, nous entendions les cloches de l'église du village appeler tous nos voisins catholiques pour la messe de célébration de la Toussaint. L'occasion de nous rappeler que sur notre territoire et chez nombreux de nos voisins européens, cette fête perdure depuis le premier siècle afin de célébrer "tous les saints", les gens "bons", et ceux qui sont morts en martyrs. 

Pour l'instant, j'avoue ne presque rien connaître des saints, mais j'aimerai beaucoup les découvrir avec les enfants ! Savoir qui ils sont ? pourquoi on leur voue une si grande considération ? 

Voici un petit projet de recherches pour l'année à venir !

Et, parce qu'ici nous aimons beaucoup l'étymologie et "le pourquoi du comment" se sont formés les mots que l'on utilise, et qui ont souvent une si grande importance dans les relations et les comportements des gens... nous en sommes naturellement venu à l'Halloween, dont l'ambiance et l'esthétisme semblent être tellement contraires à ceux qui fêtent la Toussaint... Or, en anglais, « the evening of all Saints’ day », qui devint au fil des siècles « All Hallow’s Eve », puis « Hallowe’en », c'est bien la même fête : celle qui honore les morts et les saints ! 

Mais au XVIII e siècle, est passée en outre-atlantique, la légende d'un certain Jack-O'-Lantern qui s'est vu refuser l'entrée aux enfers comme au paradis et, qui roderait parmi nous la nuit du 31 octobre ! Des premiers navets sculptés à son effigie, aux grimages et déguisements qui permettent de vaincre ses peurs les plus folles le temps d'une nuit... nous en sommes arrivés à toute une ambiance festive plus ou moins sucrée, plastifiée et commerciale !

Mais revenons aux légendes et aux morts qui roderaient parmi nous cette nuit-là ! Ceci est présent dans la culture et les croyances celtes depuis bien longtemps et c'est exactement à ce moment de l'année, que l'on retrouve aussi la fête de Samhain, que nous voyons sur le fameux calendrier de Coligny (dont je vous parlais à Imbolc ) ! 

Un festival qui traverse donc le temps, partageant le même moment de l'année mais sur différents calendriers ! 

Samhain (que l'on pourrait traduire par Summer's end), chez les celtes, c'est le début de l'année ! Et oui, car l'année coupée en deux saisons, la saison sombre de l'hiver et la saison lumineuse de l'été, démarrerait donc maintenant, avec une mi-saison à Beltane, le 1er mai ! 

 

 

Commencer l'année par la saison sombre peut paraître étrange, parce qu'on s'imagine que le renouveau du printemps serait peut-être plus adéquat mais... notre propre année ne commence-t-elle pas au cœur de l'hiver ? Et nos jours au cœur de la nuit ? Nos projets au cœur de nos méditations et nos rêveries ? Nos enfants au cœur de notre sein ? Les graines au cœur de la Terre endormie ?

C'est donc par un joyeux mélange de toutes ces croyances et de tous ces rites que nous inventons ici, chaque année, notre propre festival familial, qui résonne fort avec tous ces gens autour de la Terre, qui célèbrent, si nombreux, quelque chose aujourd'hui !

 

 

Cette année, à coté de notre table des saisons, nous avons installé un autel rempli de symboles et surtout de Lumière ! 

Nous y réaliserons notre petit rituel ce soir, celui du bilan de notre année. Nous commencerons par rouvrir les papiers sur lesquels nous avions déposés nos intentions l'an passé, et découvrirons si nous avons accompli ce que nous voulions pour nous-même ! Puis nous reprendrons chacun deux bouts de papier : sur le premier nous noterons ce que nous ne voulons plus subir, ce que nous ne voulons plus être, ce qui nous pèse et que nous voulons changer... celui-ci partira dans le feu du petit chaudron ! 

 

Sur le second bout de papier, nous écrirons nos intentions pour l'année à venir, comme les bonnes résolutions que certains prennent au premier janvier ! Celui-ci ira dans le petit pot que nous aurons vidé au début... et nous aurons le plaisir de les relire l'an prochain !

Pour moi, personnellement, j'ai envie d'aller un peu plus loin et d'écrire plus, plus souvent, et surtout de mieux comprendre pourquoi et comment ! Alors, j'y ai aussi déposé un joli carnet à cet effet.

 

Nous avons aussi installé "notre arbre des disparus" grâce auquel nous honorons la mémoire de ceux qui ne sont plus là, mais qui nous ont touché et qui nous ont transmis quelque chose. Ils vivent à travers nous, parfois dans le sang qui coule dans nos veines, parfois simplement dans nos souvenirs... c'est vraiment l'occasion de se les raconter pendant ce week-end magique !

 

 

Vous l'aurez remarqué un peu partout, cette fête c'est aussi celle de la citrouille ! Ce superbe légume aussi beau que bon est vraiment mis à l'honneur en ce moment, et notre voisine Chtie nous racontait d'ailleurs, que dans le nord de la France, il y a des concours de grosses citrouilles organisés dans les campagnes ! J'aimerai voir ça un jour ! En attendant, nous creuserons la notre, comme chaque année, pour la transformer en lanterne effrayante (éloignant, ainsi, les défunts, qui n'oseraient pas troubler notre repos ! ) 

Autre activité du week end, qui s'étend un peu sur tout l'automne, c'est le tricot... tricoter pour se confectionner ses propres vêtements a de nombreux bienfaits je trouve... même à l'ère du "made in china" ! Je suis convaincue que les gestes de nos ancêtres sont importants et que la transmission de ces gestes permet aux générations d'être liées les unes aux autres, par la mémoire des gestes et des pratiques. C'est pour cela que j'apprends à mes fils à faire du pain (même si il y a une boulangerie dans le village), à faire pousser des légumes (même si le supermarché en est plein), à cuisiner leurs repas et leurs pâtisseries, à tisser, à coudre et à tricoter ! 

Cette année, ce sont nos petons qui nous occupent. Nous aurons donc bientot, tous, notre belle paire de chaussettes tricotées !

Qui dit "fête" dit ... repas de fête ! Alors aujourd'hui je me suis lancée un défit : cuisiner un agneau de sept heures sur les deux petits feux et dans mon mini-four ! J'ai voulu faire honneur au travail d'une copine éleveuse de brebis, chez qui j'ai récupéré ce bel agneau et même des toisons de laine ! 

 

Pour ce festin de rois, je me suis inspirée d'un livre de recettes que j'adore et qui propose des recettes habitées par les contes de fées... quelle belle idée pour cette journée où le voile entre le tangible et le monde d'au-delà est si fin, non ? 

 

J'ai modifié la recette pour la mettre aux saveurs de saison en remplaçant les carottes et les tomates par de la citrouille et des raisins secs!

 

 

Avec cela, nous nous régalerons d'une soupe à la citrouille et de notre pain quotidien... qui a pris l'allure du légume !

 

Évidemment, cette semaine, nous avons profité de ce délicieux temps en famille pour aller s'immerger dans la Nature qui s'endort, qui change ses couleurs... les arbres descendent leur énergie dans leurs racines et c'est époustouflant à observer, avec leurs têtes brunes et le bas de leurs frondaison encore verte !

 

 

Où que vous viviez, j'espère que, vous aussi, vous pouvez célébrer ce temps particulier et ressentir un peu de la magie qui transpire de la Terre ! 

En ce jour si particulier, je vous souhaite à tous et à toutes, le meilleur de vous-même...