La vannerie sauvage pour de jolis paniers rustiques épisode 2

 

 

Nous nous sommes quittés ce week-end avec la récolte des matériaux et l'inventaire du matériel utile pour la réalisation de paniers et panières tressés (si vous n'avez pas vu l'article passer c'est ici, et si vous voulez être informés des prochains : envoyez moi un e-mail pour que vous inscrive !)

Aujourd'hui, je vous propose de vous montrer comment démarrer un panier, avec la fabrication de l'armature... le squelette comme je l'appelle. C'est là qu'on verra déjà apparaître la forme finale.

Avec cette technique, on peut créer des paniers de tailles et de formes très différentes avec la même base. Qu'ils soient plus ou moins arrondis ou rectangulaires, il y aura toujours au départ un pourtour pour la hauteur (de l'anse au fond), croisé avec un pourtour pour le tour du panier. Pour ceci il faut découper deux gabarits dans des planches en bois : sur cette photo, vous voyez mes gabarits pour mon nouveau projet : un 'pasturadou' à ma façon ! En occitan la 'pastura' désigne un mélange de foin et de paille préparé pour les animaux et c'est donc un grand panier que j'ai dessiné ici pour emmener le foin à mes lapins que je nourri matin et soir ! 


Ici on voit donc que j'ai préparé un pourtour rond pour la hauteur (de l'anse au fond) et un grand ovale pour le tour du panier. 

Je dirai que l'étape suivante est la plus difficile, car elle consiste à fendre, en deux, une branche suffisamment large, de noisetier ou de châtaignier afin de lui donner la forme de ces deux gabarits. Je m'explique : on commence par mesurer le périmètre complet du plus grand gabarit ( + 10 cm) je répète + 10 cm ! C'est une petite note perso pour que ça me rentre mieux dans le crâne parce que c'est le deuxième panier que je dois rattraper à cause de ces fameux 10 cm ... vous verrez par la suite !

Donc mettons que le périmètre du grand gabarit mesure 60 cm + 10 cm pour la jointure = 70 cm, c'est la taille de ma branche ! pour son diamètre il ne faut pas moins de 4 cm de diamètre car l'épaisseur des planches utilisées comme gabarit sert de guide pour l'épaisseur de la taille de l'anse et du tour.

Une fois qu'on a sélectionné une belle branche (bien droite et sans nœuds !), on utilise notre gros couteau qu'on pose bien au milieu et on l'enfonce doucement avec le marteau... ensuite on va, doucement mais sûrement, jouer du poignet pour fendre la branche dans la longueur, en deux parties égales... 

 

La difficulté vient du fait que le bois étant vivant, il ne pousse pas toujours de la même manière et je ne sais pas si ce sont les coups de vent ou la recherche du soleil pendant sa croissance mais... il arrive souvent que la fibre vrille à l'intérieur... toujours est-il que l'astuce est de rester concentré sur le bois et de pousser avec la lame sur le côté le plus épais.

Une fois qu'on a obtenu ces deux beaux morceaux, on 'capuse' (ah oui vous l'avez remarqué? mes copains vanniers parlent occitan donc je fais d'une pierre deux coups !) donc on taille, on épluche avec le couteau. On peut laisser l'écorce, ou bien l'écorcer si on veut un panier blanc. Le but est d'obtenir une tige d'environ 1,5 cm d'épaisseur sur environ 3 cm de large. 

Et puis on utilise le genoux pour assouplir et tordre la tige afin qu'elle épouse parfaitement le tour du gabarit. Petite astuce : pour que le second morceau ne sèche pas je vous conseille de le remettre à tremper debout dans 5 cm d'eau car tout cela est suffisamment long pour que le morceau ait le temps de sécher.

Pour la fixer au gabarit on peut, soit la clouer délicatement tous les 5 cm, soit la fixer avec des sangles ou du fil de fer (ici j'ai cloué). 

Le but étant que le bois épouse vraiment le gabarit.

 

Il faut veiller à tailler les extrémités finement et de les coller en les superposant (d'où l’intérêt d'avoir compté 10 cm supplémentaires)

Ce travail étant bien fatigant, on a bien gagné le droit de se reposer pendant au moins 4 ou 5 jours : le temps de laisser au bois la possibilité de sécher tout en prenant la forme désirée !

Tic Tac Tic Tac... le temps étant écoulé je vous montre sans transition l'étape suivante...
 

 Avec force et délicatesse, on va retirer tous les clous...

Attention les doigts...

Et toujours aussi gentiment...

On démoule !

 On fait donc cela avec les deux parties et on va les fixer en croix, de manière à définir la profondeur du panier et la hauteur de sa anse...

Ici on voit que ma anse sera assez haute (pour pouvoir mettre le foin) et le panier peu profond (puisque déjà bien large !) Vous voyez aussi que je maintiens l'ensemble avec un petit clou, mais voyons à présent comment les fixer correctement et joliment, avec la technique de l'œil du vannier (ou "œil de dieu" selon les écoles !) Je vous montre le premier tour sous forme d'une série de photos mais vous pouvez retrouver la vidéo sur mon profil Instagram dans la petite bulle "vannerie" des stories à la Une ! 

 



Celles et ceux qui ont déjà fait des étoiles en fil tendu avec leurs enfants auront remarqué que c'est à peu près la même technique : on fait le tour par en dessous et on passe par dessus le brin d'à côté, et ainsi de suite en formant un croisillon régulier. (si les étoiles en fil vous intéressent j'en parlais ici )

Voilà pour aujourd'hui, je reviendrai vous raconter comment monter les côtes et commencer le tressage la prochaine fois !

En attendant je m'en vais me faire un petit massage qui sera mon dernier conseil du jour pour toutes celles et tous ceux qui travaillent beaucoup avec leurs mains et leurs bras et qui, comme moi, ressentent quelques douleurs ou faiblesses après un effort intense (vannerie ou bucheronnage ou même juste bricoler, pelleter ou bêcher au jardin, ainsi que certains sports qui sollicitent nos tendons...) Je vous conseille de vous masser avant et après votre atelier avec de l'huile d'arnica que vous aurez déposé au creux de votre main avec deux ou trois gouttes d'huile essentielle de gaulthérie... vous me raconterez la différence !



Charlotte Roman, Charlotte Rêve



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